Ma crêche de Noël



 

Salut à vous
Je ne résiste pas à l'idée de montrer ici l'image d'un étrange  tableau allemand de la première moitié du XVI°siecle entr'aperçu au Louvre: l'image jointe.
 
Bien sûr, la scène est censée représenter le Christ bénissant les enfants, "laissez venir à moi les petits enfants" ou alors un autre récit biblique; mais  si on assume le risque  du contresens , ça ressemble à une drôle de crêche!
 
Le Christ est au centre, le barbu ça doit être lui (où alors qui-est-ce?),assis  à la place traditionnelle iconographique de la vierge, dans les Madones à l'enfant, le bambin sur les genoux. Les bergers, eux, sont à leur place.Le Christ devient ainsi une vierge Marie  barbue ( une identification du Christ  à la mère?une inversion carnavalesque? prêtées par le peintre?...).
Curieusement, celui qui bénit semble être l'enfant, et pas le barbu. Du coup, l'enfant du centre, est-ce le vrai petit Jésus,  ou un "baigneur" pour le grand Jésus-Marie barbu, dans un jeu de dédoublement  qui permet d'occuper les deux places à la fois?...
Cette drôle de profusion d'enfants, comme duplication, multiplication des petits Jésus et de ses mamans autour du duo central est aussi troublante, comme s'il s'agissait de la part du peintre d'une projection obsessionelle de la crêche , de la Madone à l'enfant sur le monde, un envahissement, une grille de lecture, une gravitation universelle ...
Au passage, ajoutons, pour être complet, au contresens, l'anachronisme ; cette prolifération, cette surabondance, comme une standardisation , correspond bien aux fêtes actuelles de Noel; c'est  une belle devanture de saison.
 .
Vu comme ça le tableau est presque étouffant, et un peu affolant.
 
A-t-on affaire à un mysticisme maniaque ?..... à la revanche mimétique du petit Jésus.....?
 
Voilà quelle a été mon sentiment, puis ma perception devant ce tableau; c'est vrai que le barbu peut être Saint-Christophe, mais je ne vois pas du coup à quel récit réfère le tableau, et je ne suis pas convaincu que ça change grand chose à ma première impression.
 
C'est pas très clair tout ça, en tout cas, il est peu fou ce peintre. Il s'appelle d'ailleurs : Maître HB à la tête de griffon, c'est vous dire!
 
Bon  assez fait l'âne,
 
Bonjour chez vous
 
 
Addendum. Je suis repassé au Louvre et j'ai lu sur le carton voisin, le commentaire du musée auquel je n'avais pas prêté attention. Celui ci précise que ce peintre était dans la mouvance de Cranach, et était sensible aux thèses luthériennes ,opposées aux anabaptistes.
 Le  peintre était  protestant, ce qui pourrait éclairer une certaine aversion pour l'image mariale . "HB à la tête de griffon"substituerait ici l'image du Christ à celle de Marie, dont la floraison, depuis la grande peste, puis le quattrocento, fut assimilée par le protestantisme à un culte, et à la marque du catholicisme. Bref, le peintre se dépatouille  avec une image mariale omniprésente et encombrante.